Histoires à lire tout seul – 35 –
Histoires à lire tout seul – 35 –
C’est l’histoire d’un homme qui a des pouvoirs. Plusieurs pouvoirs.
Il peut faire tout ce qu’il veut. Il peut vivre plusieurs vies différentes en même temps.
Il peut être homme, femme, trans et même asexué, voir incertain.
Il a été sex-addict ou une fois par mois le dimanche quand il ne fait pas trop chaud.
Il aime dessus, en-dessous, à l’envers, attaché et tantrique.
Il n’a jamais été amoureux. Il ne ressent rien.
Il aime sentir le corps de l’autre, le lécher et le mordre. Être collé pendant toute une nuit et un jour. Il s’est dit s’il mourrait maintenant contre elle, contre lui, il serait comblé.
Il ne meurt pas. Il n’est jamais mort.
Il meurt physiquement tout le temps.
Il le croit. Il ne s’en souvient pas.
Oui et non.
Il retient tout dans les moindres détails de chaque nanoseconde de ses vies.
Il est outrageusement odieux et très respectueux.
Il sait ce qui fait mal. Ce qui fait du bien.
Une fois – ou plusieurs – ou jamais – il s’est arraché le cœur de son propre corps provisoire-permanent. L’organe a battu dans sa main encore une infinité de secondes, puis il n’a plus bougé. Il n’a pas décidé si cela faisait du bien ou du mal. Il essaiera une prochaine fois. Si il y pense.
Il y pense tout le temps.
Il peut être heureux ou malheureux ou ni l’un ni l’autre.
Il a été complètement stupide, néo-romantique, menteur sociopathe, permagriculteur intégriste, essayiste, pêcheur de conques en mère de Chine, endogame, premier et dernier trilliardaire, empereur sain d’esprit, photographe d’exoplanète, sculpteur de monolithe noir, amoureux d’une geisha, inventeur du bruit blanc, père et mère de familles nombreuses, gâcheur de fin de film,…
Il a été atteint d’aphantasie. Ce qui l’empêchait de créer des images mentales.
Il a parlé des centaines de langues disparues.
Des langues n’utilisant ni passé ni futur.
Il n’a connu que la forêt autour de sa cabane perchée, que les grottes dans lesquelles ils peignait, que le béton de sa cellule, que les quatre murs infinis autour de son lit.
Il est resté assis dans un temple pendant plusieurs années, à prier et à manger du riz.
Il a rencontré des enfants sauvages.
Des êtres venant d’une autre partie de la voie lactée. Très loin. Très proche.
Il a vu et non-vu. Il a senti et ressenti, imaginé, goûté et entendu. Parfois trop.
Il a menti et dit toute la vérité à tout le monde.
Il a dit qu’il était là et qu’il allait venir. Mais n’est pas venu.
Une fois, il n’est même pas né et puis il a réfléchit et a changé d’avis.
Il change souvent d’avis.
Il voit les champs des possibles, le facteur de charge des probabilités et des idées.
Il est autodestructeur. Il aime guérir et tuer.
On l’appelle le destructeur de monde. L’annihilateur.
Il a beaucoup rit à ce sujet.
Il pleure. Sur lui-même et sur les autres.
Il tient à son libre arbitre. Il est libre de faire des erreurs, plusieurs fois, des millions de fois. Encore. Encore.
Il est libre d’être bon. De faire du bien Il donne et reprend. Il donne et ne reprend pas.
Il peut être relatif et absolu.
Il dit que l’absolu est relatif. Ça dépend.
Il a été tout et son contraire.
Mais toujours en tant qu’humain. Cyber humain, proto-humain, néo-humain.
Jamais un animal. Il ne peut pas. Il ne peut ni entrer dans un corps d’animal, ni dans son essence.
Il y a des règles quand même.
Il reste un homme.
Un homme avec quelques pouvoirs.
Comme vous ou moi.
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